samedi 15 janvier 2011

Mais...qui leur a peint des yeux ?

Est-ce donc le loto qui peint ?


On fait tout dire aujourd’hui à la théorie de l’évolution : en gros le big-bang a explosé il y a des milliards d’années. On sait précisément quand d’ailleurs : six milliards et demie ? Ca me dépasse complètement ! Des molécules sont apparues… par hasard de la combinaison entre éléments chimiques eux-mêmes assemblés en protéines. La vie est apparue…une vie d’abord réduite à des organismes genre virus voyez vous. Bactéries. Des machins microscopiques. Puis ça a du grossir petit à petit, tout ça s’expliquant par la durée infinie, qui fait que se construisent (comment ?) des organismes. Et qu’ils transmettent la vie en quantité la  plus grande possible. Ce qui fait qu’à chaque fois peut s’appliquer la variabilité génétique. La possibilité de transformations. C’est vachement bien fait car ces transformations permettent des adaptations aux changements. Au changement de milieu, à la réponse à l’attaque permanente des parasites, des prédateurs. Alors il a du y avoir un moment, mais ce moment est loin d’être instantané, c’est une très très longue période sans doute, où sont apparus (comment ?) les insectes dont les papillons. Mettons que les papillons soient apparus, environnés de plantes hôtes pour que les chenilles y trouvent leur nourriture, de fleurs mellifères pour que les adultes butinent. Et mettons d’oiseaux qui les chassent et les mangent pour que les papillons figurent dans une chaîne alimentaire logique et servent à quelque chose d’utile, c’est à dire fournir de la nourriture, mettons aux oiseaux. Car c’est sûr que s’ils ne servaient pas de bouffe, on peut dire qu’ils ne serviraient à rien sauf à créer de la beauté mais la nature à l’état original c’est à dire sauvage est-elle conçue pour fabriquer du gratuit, de l’esthétique ? Ne nous posons pas la question car elle est dérangeante. Non, c’est le seul hasard qui décide que l’Apollon des montagnes d’été  va être blanc comme la neige d’hiver. Et qu’ « on » va lui coller des ocelles rouges avec un point blanc au milieu pour faire joli. Vous observez qu’on retombe là sur la définition qu’un peintre célèbre donnait de la peinture à l’huile : « l’art de disposer de la couleur sur une toile pour que ça fasse joli. »

Pour Delacroix, « la couleur est par excellence la partie de l'art qui détient le don magique. Alors que le sujet, la forme, la ligne s'adressent d'abord à la pensée, la couleur n'a aucun sens pour l'intelligence, mais elle a tous les pouvoirs sur la sensibilité.»

Dans le dialogue entre le philosophe chrétien Jean Guitton et les frères Bogdanov, le sujet du débat étant : « Y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? », les thèses s’affrontent : d’un côté le hasard, et l’évolution font l’essentiel, dans la mesure où ils ont l’éternité pour eux. C’est vachement bien foutu : la nature appelons là comme ça, fait des tentatives. Comment elle s’y prend et selon quel plan, ça n’est pas expliqué. Mais la nature tente, quitte à rater. J’imagine qu’elle tente de mettre des carrés dans les ailes des papillons : je n’en ai jamais vu. Essai avorté. Donc il doit y avoir une explication, elle se refuse aux carrés mais elle met ce qui ressemble à des cercles. C’est vrai que c’est plus…équilibré. Il doit y avoir une loi pour. Bon. Et elle décide ensuite d’y appliquer des couleurs. Peut-être de manière systématique, on va passer en revue l’arc-en-ciel ? Et puis il doit y avoir un jury (populaire ?) qui décide, et il trouve que le rouge carmin fait joli. Pour Piccasso, c’est plus facile : « quand je n’ai pas de bleu, je mets du rouge ». Ca y est : le critère doit être que ça fasse joli. Alors « on » met du rouge et du bleu. Un cercle ? deux cercles ? trois cercles ? Le jury n’est là dessus pas d’accord, même s’il y a une légère majorité pour deux cercles : et voilà l’Apollon qui prend forme. De temps en temps la nature fait du darwinisme, et essaie une petite tache par ci-par là. C’est une aberration et ça on connaît. On essaie trois cercles. Ca ne plait pas, et on revient à deux.

J’oublie un truc, un paramètre : il faut que ça serve quand-même à quelque chose : dans la mesure où le Machaon peut-être poursuivi par un oiseau à bec, on a vu qu’il doit avoir un leurre, pour que si l’oiseau doit becqueter quelque chose, il picore l’accessoire : la queue, et oublie l’essentiel : le corps. Allons « on » va mettre la tache rouge au bout, tache rouge accentuée par un liseré de bleu, avec un petit trait de noir comme du noir à sourcils, pour attirer l’attention de l’oiseau, et qu’il bouffe cette extrémité rouge inutile ; c’est comme ça (que c’est bien fichu), que la tache rouge de Machaon n’est pas comme Apollo située au milieu des ailes, mais au bout, juste avant les queues qui servent, elles, à lâcher quelque chose pour l’oiseau. Pour qu’il ait une compensation. Disons que l’Apollo a des taches rouges pour faire joli. Et Machaon des taches rouges pour faire utile. On adore que la nature soit utile, car on s’y est habitué : pour les sauvages, n’a-t-elle pas fabriqué l’arbre à pain ? le maïs pour faire manger les vaches ? Et l’homme pour manger les dites vaches ? La société doit être utile pour avoir un sens pour l’homme, et on comprend qu’il ait inventé la sécurité sociale tant elle est lui est utile et donne du sens à l’existence.

Disons qu’il y a un loto universel qui a l’éternité pour lui. Et à force de tâtonnements et de lutte contre les oiseaux prédateurs, les papillons ont développé des techniques de protection comme l’effet flash des écailles, ou le leurre de Machaon.

Donc Jean Guitton qui croit dur comme fer à l’existence de Dieu a tort, car il n’y a que du hasard derrière cet ordonnancement en réalité factice. Dans le triptyque des Francs-Maçons qui croient au « Grand Architecte de l’Univers », et à la conjonction  de la Force, la Sagesse et la Beauté, la beauté n’est pas souhaitée par le grand jury de l’univers, c’est un machin qui vient comme qui dirait par hasard, et en prime de surcroît. Il n’y a pas de carrés, mais des cercles, ou les hexagones des abeilles, parce que….parce que c’est plus équilibré par rapport aux lois de …la physique. C’est bien ça, par rapport aux lois physiques de la nature elle-même !

Vous sentez bien que le sujet est extraordinairement difficile, et que les plus grands débats à la télé ne l’ont pas encore tout à fait tranché. Les scientifiques eux cherchent. Et les croyants croient à « quelque chose » de supérieur.

Mais il y a plus fort encore.

Plus fort dans le dessin et la « peinture » dont sont parés nos papillons

L’anthropomorphisme est l'attribution de caractéristiques comportementales ou morphologiques humaines à d'autres formes de vie, à des papillons, à des objets, voire à des idées.

Dans nos petites histoires mythologiques, on n’a cessé de parler de divinités « anthropomorphiques » pour qualifier des dieux dont la physionomie, la représentation iconographique ou la définition des passions sont humaines. Par exemple, le Dieu des chrétiens est souvent considéré comme anthropomorphe : il s’est incarné en homme. Et l’homme a quelque chose de plus : une conscience.

Ca fait réfléchir !

L'anthropomorphisme est parfois utilisé pour parler des humains, comme c'est le cas dans les fables d'Ésope ou de Jean de la Fontaine, et dans les nombreux dessins animés de Walt Disney. En leur prêtant des physionomies animales, l'auteur est dispensé de s'attarder sur le caractère de ses personnages. Ainsi le renard sera fourbe et malicieux, la souris modeste, le rat opportuniste, le lion majestueux, la louve fidèle et brave, etc. Le papillon, lui, est…volage ; léger ; aérien… Et comme il faut qu’il serve à quelque chose, il provoque le célèbre « effet papillon » : un battement léger de ses ailes peut, par amplification, être à l’origine d’un cyclone à l’autre bout de la planète, si s’accumulent dans le mauvais sens des phénomènes amplificateurs. L'anthropomorphisme est très utilisé en bande dessinée et en dessin animé car il permet au dessinateur de différencier ses personnages physiquement tout en leur conférant des psychologies très typées. (Dans ce cas, «zoomorphisme » et « anthropomorphisme » sont une seule chose : l'animal sert à parler de l'humain, et une forme d'humanité est attribuée à des animaux. Vous avez vu : tel papillon a de la majesté : c’est the purple Emperor !

Il y a un trait commun à la plupart des races animales, ce sont les yeux. Pour des raisons sans doute physiques de réfraction de la lumière, la nature (ou le créateur ou les deux ou autre chose encore ?) a doté « tout-le-monde » d’une lentille ; d’une chambre noire ; de sens (la vue) permettant de déchiffrer les images dans le cerveau. Les yeux sont la plupart du temps ronds (une portion de sphère) et comme la nature veut que nous puissions voir en trois dimensions (on devrait dire en stéréoscopie pour pouvoir apprécier les distances) elle (elle se débrouille quand-même vachement bien) nous a doté de deux yeux, séparés et espacés autant que la largeur du visage le permettait. Sauf bien sûr chez les Cyclopes, et vous voyez bien la qualité de la théorie puisque, ne pouvant voir en stéréo, leur race a disparu.

Léonard de Vinci nous explique tout cela avec sa concision habituelle :

-«  La nature a fait la surface de la prunelle convexe, afin que les objets environnants puissent refléter leurs ressemblances avec des angles plus grands, ce qui n’arriverait pas si l’œil était plan.
-Le rayons des corps lumineux croissent d’autant plus qu’ils s’éloignent de leur source.
-La pupille diminue selon la force de la lumière.
-La pupille croît en raison de l’obscurité.
-Les objets n’envoient pas à l’œil leur image dans leur proportion réelle.
-La pupille de l’œil reçoit les images renversées, sens dessus dessous, et cependant on les voit à l’endroit ».

J’imagine quand-même un grand bureau de dessin cosmologique où des Anges-ingénieurs font des plans, des essais, des prototypes et des mises au point ! Le pire c’est que j’ai l’impression d’avoir vu ce genre d’ateliers à l’Université de Rennes II, dans ce qu’on appelle les salles de réalité virtuelle, où l’on met au point les coffres de voiture Renault pour fabriquer des Mégane : les salles de réalité virtuelle, c’est la préfiguration, avec des ordinateurs, du film AVATAR de Camerone en 3D : on chausse des lunettes spéciales ; on met les charnières ad hoc au modèle numérique de voiture, et on les fait fonctionner virtuellement en 3 dimensions pour voir si ça coince quelque part pendant l’ouverture et la fermeture. Ca économise des tas d’essais en vraie grandeur, et on peut comme la nature le ferait, tester la  disposition pile poil des taches rouges à l’extrémité des ailes postérieures de Machaon pour que l’effet de leurre soit optimal. Vous avez compris que je crois que le créateur dispose lui-même de cette machine. Que c’est lui qui l’a inventée, que nous l’avons seulement retrouvée avec le progrès, et que c’est avec ça qu’il a lancé les séries de mes papillons préférés.

E. Chevreul (1786-1889) a modifié profondément la connaissance de la vision des couleurs, et nourri le regard de plusieurs générations de peintres, de Delacroix aux post-impressionnistes. Directeur de la Manufacture des Gobelins, c’est en ingénieur chimiste, et à partir de recherches sur les teintures qu’il s’est intéressé aux couleurs ; si ses applications relèvent de l’esthétique, son propos est avant tout scientifique – l’auteur s’en explique du reste dans son Avant-propos : « […] cet ouvrage est donc bien le fruit de la méthode (de Descartes) a posteriori ; des faits sont observés, définis, décrits, puis ils viennent se généraliser dans une expression simple qui a tous les caractères d’une loi de la nature. Cette loi, une fois démontrée, devient un moyen a priori d’assortir les objets colorés pour en tirer le meilleur parti possible, suivant le goût de la personne qui les assemble, d’apprécier si des yeux sont bien organisés pour voir et juger les couleurs, si des peintres ont copié exactement des objets de couleur connue […] »

Si l’on réfléchit un peu plus à ce qu’est l’art de la peinture, on s’aperçoit que l'esthétique a tenté d'être la «science de la beauté», et elle était une question importante pour des philosophes des XVIIIe et XIXe siècles comme Kant ou Hegel. Les philosophes classiques comme Platon et Aristote ont également théorisé sur l'art et la peinture en particulier. Platon avait tendance à négliger les peintres, et également les sculpteurs, dans son approche philosophique. Il considérait que la peinture ne pouvait pas représenter vérité, mais seulement une copie de la réalité et qu'il s'agissait d'un simple métier, comme la cordonnerie ou la ferronnerie. Au contraire, Léonard de Vinci estimait que «la peinture est une chose intellectuelle». Kant distinguait la beauté et la sublimation, en privilégiant clairement cette dernière. Même si cette approche ne visait pas la peinture en particulier, elle a été reprise par des peintres comme Turner ou Caspar David Friedrich.

Hegel a, quant à lui, reconnu l'impossibilité d'atteindre le concept de la beauté universelle et, dans son essai Leçons sur l'esthétique, il a écrit que la peinture est l'un des trois arts romantiques, avec la poésie et la musique, en raison de son rôle symbolique et sa dimension intellectuelle.

Parmi les peintres qui ont écrit des travaux théoriques sur la peinture, il faut citer tout d'abord Leonardo da Vinci (trattato della pittura), Eugène Delacroix et, au XXe siècle, Salvador Dali, Paul Klee, Jean Monneret et Kandinsky. Ce dernier estimait que la peinture avait une valeur spirituelle, et il rattachait les couleurs primaires aux sentiments ou concepts essentiels.

L'iconographie s'est également attachée à théoriser la peinture. Le créateur de cette discipline, Jean-Pierre Alaux, a essayé d'analyser les symboles visuels dans leur dimension culturelle, religieuse, sociale et philosophique pour parvenir à une meilleure compréhension de l'activité symbolique de l'humanité.

Vous voyez que quand la nature se mêle de peindre, elle ne produit pas seulement de la couleur, mais elle les accommode souvent harmonieusement pour  toucher notre esprit !


Je vous ai raconté les histoires d’Argus avec ses cent yeux dont la moitié étaient toujours ouverts, et qui lui permettaient de veiller 24H/24, comme le ferait aujourd’hui une caméra de télé surveillant une banque pour identifier les braqueurs en cas d’effraction. On a vu que Lysandra Coridon, le berger de l’été, portait sous ses ailes des dizaines de ces faux-yeux, en réalité des ocelles. De simples petites taches.  A mon avis, la nature toute seule peut fabriquer (le hasard de l’évolution) des petites taches et il faut vraiment un coup de bol pour que trois de ces taches aient la forme de la constellation d’Orion. Orion est le seul petit Argus connu à avoir des taches ressemblant à une constellation, et personne n’a repéré à ma connaissance un papillon qui porte sous ses ailes la grande Ourse et la petite Ourse, et qui simulerait l’étoile Polaire par exemple. C’est ce que j’appelle : le hasard.

Avec Vanessa Io, le paon du jour, on retrouve des ocelles du paon, et il y a quelque chose qui change : ça ressemble à des yeux. A des yeux de mammifères. Alors on se rassure : la nature fait bien les choses : elle a du essayer dans la longue durée de l’évolution des tas de formes (carrées, elle a vu tout de suite que ça ne marchait pas) et elle a essayé comme ça sur un coup de génie de peindre des yeux de mammifères sur les ailes des papillons.

Parce que si on y réfléchit bien, ça serait utile : un prédateur qui voit avec ses propres yeux un papillon veut de suite le bouffer. Mais si le papillon lui exhibe aussitôt une paire d’yeux d’un prédateur plus gros encore, le prédateur initial va prendre peur et se barrer.

Donc le loto, je désigne ainsi le hasard, a peint des yeux, parfois plus vrais que nature, sur certains papillons. Je dis certains car l’évolution est encore en route (nous même les humains avons encore des progrès à accomplir) et tous les papillons ne sont pas encore dotés de cet ornement protecteur. Autrement dit, le principe de précaution dont est dotée notre Constitution n’a pas encore été adopté à l’échelle Universelle, pour que obli-ga-toi-re-ment les papillons soient camouflés par des yeux plus vrais que nature pour faire peur à tous les prédateurs.

Je m’aperçois que si j’avais à concevoir l’Univers, j’y mettrais quelques règles simples mais o-bli-ga-toi-res, pour protéger tous les papillons. (flûte mais que mangeraient les oiseaux alors, sauf s’ils s’apercevaient que ces yeux sont faux et qu’ils n’aient alors plus peur des faux yeux, et qu’ils se mettent à ne plus manger que des papillons….ça doit avoir des effets collatéraux que d’inventer l’Univers et il doit falloir réfléchir aux conséquences des effets…donc avoir un gros Système Informatique au moins en 3 Dimensions même que peut-être il en faut plusieurs de dimensions….)

Je vois bien que vous ne me croyez pas….

Déjà le Grand Paon de Nuit a quatre ocelles qui ressemblent pas mal à des yeux…son frère le petit paon aussi. Et le Sphinx demi-paon quand il ouvre ses ailes postérieures roses vif (l’effet flash) y ajoute deux yeux. Il arrive même que des chenilles aient des yeux sur le corps, pas trois ni un, deux (vous allez rétorquer que ayant deux côtés, l’évolution en a collé deux pour faire symétrique, bon, vous avez marqué un point). Ces yeux sont des yeux, mais il faut dire en y regardant bien que ce sont peut-être des taches qui ressembleraient à des yeux parce qu’on veut absolument être anthropomorphique !

C’est chez certaines espèces exotiques que la nature a le plus raffiné : chez Caligo Eurilochus, le papillon chouette, qui est un Nymphalidae de Guyane, c’est donc un exotique de chez nous en France voyez-vous, on a vraiment l’impression (j’essaie d’être objectif pour finir) qu’on voit deux yeux d’une chouette, connue par les prédateurs pour être elle-même une bouffeuse de souris et autres insectes. Eh bien le papillon qui a du observer la nature en utilisant comme moi Google et donc Internet, a décidé après débats démocratiques avec un jury populaire, de demander au bureau d’études de tripoter ses gênes pour qu’apparaisse ainsi sur les ailes de l’adulte, des yeux de chouettes « pour faire peur ».

Déjà que je ne crois pas au loto, je ne crois pas non plus que Darwin ait une bonne explication pour une décoration aussi ciblée.


Mais y a-t-il quelqu’un quelque part qui fasse les plans
des dessins d’yeux

attendez : avec des détails, des reflets et des ombres,
et quasi la place du nez

sur les ailes de nos papillons ?