samedi 15 janvier 2011

Podalirius (le frère de Machaon)


Le flambé, le papilio planeur


de l'oeuf à l'adulte. Chercher feisthameli du Canigou
 Je confesse avoir un faible pour les Papilio, et je crois bien que je vais finir par tous les passer en revue !

Enfant notre père nous emmenait pendant les vacances scolaires dans sa ville natale à Saint-Paul-lès-Dax, la ville aux eaux de source souterraines, voisine de Dax célèbre pour ses eaux chaudes déjà utilisées par les Romains. La maison de famille se situait en périphérie, entourée d’un grand jardin, dans une zone boisée avec platanes, acacias, et grands tilleuls. Je vous ai déjà raconté que je me  prenais pour le fils de Pagnol, mon père instituteur m’ayant imprégné de sciences naturelles, et me faisant observer les espèces animales, en particulier les papillons. Il a conservé cette passion toute sa vie, non pas tellement comme collectionneur, mais comme cinéaste amateur, à l’époque du cinéma super 8 d’abord. Puis avec l’évolution de la technologie,  grâce à une caméra vidéo offerte pour ses quatre-vingt ans. Il a produit des films remarquables dont le plus abouti s’appelle : « les noces de Machaon », et montre les étapes de la vie de l’insecte depuis les amours, jusqu’à la ponte, puis la vie de la chenille. Papa filme pendant l’été. Et monte ses prises de vue l’hiver à l’abri des intempéries. On regarde cela sur l’écran de la télévision pendant des heures. Dans la famille, on a depuis toujours la précaution de semer du fenouil dans le jardin, et autres plantes appropriées : cela permet depuis toujours d’héberger les chenilles pendant la belle saison. Et donc d’observer leurs mœurs.

Que faire de ses vacances quand on est gosse dans les années 50 ? Partir au bord de la rivière Adour pêcher des gardons. Découvrir la pêche au lancer. Prendre des brochets et autres perches. C’était toute une expédition car il fallait partir à pied, traverser la voie de chemin de fer en ouvrant les célèbres barrières en fer signalées par le panneau émaillé « attention ! un train peut en cacher un autre ! ». Circuler sur les voies déjà électrifiées des Landes où avaient commencé de tomber les premiers records de vitesse. On était en 1955. Rejoindre à Castetcrabe les aires de l’Adour, inondées l’hiver, asséchées l’été, et pêcher.

Il y avait une autre occupation fascinante : à proximité de la maison, une belle villa Art-Déco était entourée de vieux tilleuls. L’été les arbres se couvraient de fleurs, pour produire des fleurs de tilleul naturellement, et l’odeur était intense. Et le spectacle magnifique : de grands papillons jaunes planaient inlassablement au sommet des arbres. Ils avaient une forme de triangle, une aile volante à l’avant ; et deux queues rapprochées à l’arrière. Des cerf-volants majestueux, allant et revenant, se posant de temps à autre sur une feuille, inaccessibles ; et reprenant leur vol inlassablement. Le filet à la main, le jeu consistait à attendre comme un chat qu’ils veuillent bien descendre à proximité, mais cela n’arrivait jamais.

C’étaient des Flambés comme on dit en langage vulgaire. Iphiclides Podalirius quand on veut paraître savant. J’ai du plus tard conserver la frustration de ces chasses infructueuses, et ai fini au cours de ma vie montalbanaise par bien connaître ce bel insecte. Il faut que je vous parle plus longuement de Podalirius, le frère de Machaon dans la mythologie, mais comme c’est souvent le cas dans les familles, ils ne se ressemblent pas. Pas plus que les deux fils d’Alcmene d’ailleurs. Je vais vous expliquer pourquoi.

Vous allez une fois de plus pouvoir juger de la pertinence avec laquelle leurs noms ont été donnés aux papillons : dans le cas d’espèce, il s’agit de Linné déjà cité. Manifestement, il avait des connaissances très précises de l’histoire grecque. Et nous n’étions qu’en 1758 ! Mais c’est peut-être parce qu’à cette époque, il n’y avait pas tellement d’autres distractions ?

Voici donc l’histoire du « frère » en question !

Podalirius est le fils d'Asclépios et d'Epioné (ou Lampetia). Il partit avec son frère Machaon à la tête d'une compagnie de Thessaliens à la guerre de Troie. Ca vous connaissez ? La belle Hélène !  Aussi habile que son père dans l'art de la médecine, il mit ses dons au service des Grecs pendant toute la guerre, et fut le seul avec Machaon à pouvoir guérir la terrible blessure de Philoctète. C’était un médecin militaire  !

Il soigna aussi Acamas et Epéios qui s'étaient gravement blessés à la boxe à l'occasion des jeux funèbres célébrés en l'honneur d'Achille

Après la victoire, Podalirius quitta Troie avec Calchas, Amphilochos et quelques autres héros. Il parvint à Colophon, où Calchas mourut. Il consulta l'oracle de Delphes, dont nous avons déjà parlé, qui lui conseilla de s'établir dans un pays où « le ciel touchait la terre ». Après réflexion, Podalirius s'établit à Syrnos en Carie, où les hautes montagnes semblaient soutenir les cieux. Il épousa Syrna, la fille du roi. Et on suppose qu’ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants.

Linné vous vous rappelez met toujours deux noms. Il faut donc que je vous explique Iphiclides !


Iphiclus ou Iphiclides est le fils d’Amphytrion et d’Alcmene.

Encore une histoire !

Iphiclides, on en parle surtout comme « le fils de… ».

Dans le cas d’espèce, le fils d’Amphytrion certes, mais de sa mère Alcmène, qui paraît une forte (et splendide) femme puisqu’on lui prête les talents d’Aphrodite  !

Fille d'Electryon, roi de Mycènes, et d'Anaxo, Alcmène épousa donc son cousin Amphitryon, roi de Tirynthe.

Mais Alcmène qui était rusée et savait faire marcher les hommes, refusa de consommer le mariage tant que son époux n'aurait pas vengé ses huit frères tués par des Tapiens venus leur voler des troupeaux. Vous vous rendez compte : c’est la seule fille d’Electryon, fils de Persée, Haut Roi de Mycènes et mari d'Anaxo. Elle a huit frères. Et son père est engagé dans une expédition punitive contre les Taphiens et les Téléboens qui lui ont fauché ses troupeaux. A cette occasion, ils prennent chèvres, vaches et montons et en prime lui trucident ses huit fils !

Amphitryon s’exécute, et averti par le roi d'Elis que le troupeau volé était à présent en sa possession, paye la rançon demandée. Il demande à son beau-père d'identifier le troupeau. Electryon est furieux qu'Amphitryon ait payé la rançon, et  demande sèchement de quel droit les Éléens ont le culot de revendre à son propriétaire un bien volé. Et comment Amphitryon peut tolérer une pareille escroquerie. Amphitryon vexé est furieux à son tour, et se défoule en lançant une massue sur une vache qui s'était écartée du troupeau. La massue frappe les cornes, rebondit et tue le beau-père. Après cela, Amphitryon est banni d'Argolide par son oncle Sthénélos.

Comme tragédie, on est servi, et ce bien avant Corneille !

Amphitryon, accompagné d'Alcmène, s'enfuit à Thèbes où le roi Créon l’absout et donne en mariage sa sœur Périmèdè au seul fils d'Electryon encore en vie, Lycymnios, un bâtard né d'une Phrygienne appelée Midée. Le neuvième fils, mais pas de la même femme : une erreur de jeunesse sans doute !

Mais la mort des huit frères n’est toujours pas vengée ! De facto, Alcmène refuse de partager la couche d'Amphitryon. Les femmes peuvent être comme ça : privation de câlins  si on ne fait pas leur quatre volontés ! Créon donne l'autorisation de lever à cette fin une armée en Béotie. Puis, avec l'aide de contingents athéniens, phocéens, argiens et locriens, Amphitryon vainc les Téléboens et les Taphiens et donne les îles à ses alliés.

Il y avait longtemps que Zeus, père des dieux et des hommes, n’avait pas fait des siennes !

Profitant de l'absence d'Amphitryon, il revêt son aspect et, se faisant passer pour lui, assure Alcmène que ses frères sont vengés (Amphitryon avait en effet obtenu la victoire qui lui était demandée le matin même). Punition levée, Alcmène se donne à ce qu’elle croit être son époux, et passe avec lui une nuit entière, ou plutôt trois. En effet, Hermès, sur l'ordre de Zeus, a entre-temps commandé à Hélios d'éteindre les feux solaires, de faire dételer son char par les Heures et de rester chez lui le lendemain. Hermès donne ensuite l'ordre à la Lune de se déplacer lentement et au Sommeil de faire que l'humanité fût à ce point endormie que personne ne remarquât ce qui se passait. Alcmène, totalement mystifiée, écoute heureuse, (…détendue et apaisée…) le récit que lui fait Zeus de la défaite infligée à Ptérélas à Oechalie et se dépense (en toute innocence) dans les bras de son soi-disant mari pendant trente-six heures d’affilée.

Ah ! le sexe dans l’Antiquité !

Alcmène surpassait toute la race des femmes ; et pour la beauté, et la haute stature, nulle des mortelles qui avaient enfanté après avoir couché avec des hommes ne pouvait lutter contre elle. De sa tête et de ses paupières bleues émanait un charme pareil à celui d'Aphrodite c’est tout dire ! Et, dans son cœur et son corps, elle honorait son mari plus qu'aucune autre femme n'avait encore honoré le sien. Levant la punition, elle remplit donc avec ardeur un devoir conjugal qui lui semble maintenant bien légitime.

Sauf qu’à l’époque, Alcmène ne prend pas la pilule puisqu’elle n’existait pas ! Et que Zeus qui avait décidé de lui faire un enfant, pour qu’il devienne à son tour un Héros, pour régler leur compte aux futurs voleurs de troupeaux, lui fait donc l’enfant en question. Enfin pas tout de suite, mais il lui inocule la petite graine.

Dans la même nuit, Amphityon qui a réalisé sa mission revient en Héros. Son idée fixe est d’honorer sa moitié, si violent est le désir qui le démange, qui le taraude plutôt, qui l’obsède, depuis le temps qu’il est au régime sec. On suppose qu’entre temps Zeus est retourné dans l’Olympe et qu’Alcmène ne fait pas la différence entre les deux amants.

Et il couche avec sa femme vénérable, jouissant ainsi des dons pour l’amour de cette véritable Aphrodite…  Deux hommes (de suite) pendant trois jours !

Epilogue :  Alcmène, ainsi domptée par un Dieu et honorée par le plus brave des hommes, la même nuit (mais successivement), enfante, dans Thèbes aux sept portes, deux fils jumeaux, mais dissemblables d'esprit, quoique frères ; l'un très-inférieur (nous n’avons pas de chance), est le fils d’Amphytrion, et c’est notre Iphiclides.

L’autre est le fils du Dieu Zeus. C’est Kroniôn qui amasse les noires nuées.


Il faut que je cherche si Linné a nommé un papillon Kroniôn mais je suppose qu’il n’a pas osé !

Il paraît que plus tard, quand Amphitryon raconte à sa femme le récit de ses exploits, Alcmène ne lui témoigne pas autant d'enthousiasme qu'il l'avait espéré, en disant qu'elle ne souhaitait pas entendre une deuxième fois le récit de ses exploits.

Une seconde fois ?  Amphitryon, qui ne comprend rien va  consulter le devin Tirésias qui lui dévoile le pot aux roses :  Zeus est passé avant lui ! Il paraît que depuis, il n'osa plus jamais toucher Alcmène de crainte d'encourir la jalousie divine.

Quelle histoire !

Et quelle lourde généalogie est celle de notre flambé !


Nous sommes à Montauban, dans les années 1970, et je décide de tout connaître sur mes amis papillons d’enfance. Nous parcourons le dimanche bois et prés, dans la Renault six, dont l’arrière est aménagé pour héberger les deux petits garçons, leur offrir une table pour déjeuner ; et un matelas pour faire la sieste. Nous emmenons des pique-nique, et nageons tous nus dans l’Aveyron, du côté de Saint-Antonin-noble-val. Nous herborisons, chassons, observons. Je prends plein de notes et remplis des cahiers, pour noter la date et le lieu des prises. Je construis des étaloirs, et des boites de stockage avec Robert Blanchard. Tel le vrai chasseur, je commence à m’intégrer dans les biotopes de mes proies, et «à sentir papillon ». Devant un paysage par exemple, je devine quel papillon prendrait plaisir à y vivre.

Et je décide de « penser » Flambé.

Les garrigues du Tarn et Garonne, les causses devrait-on dire, sont remplies de la plante hôte : le Bois de Sainte Lucie, ou Cerisier de sainte Lucie ou faux merisier (Prunus mahaleb) est un petit arbre de la famille des Rosaceae et du genre Prunus.  Il pousse dans les fourrés arbustifs, les bois clairs ou les garrigues (avec une préférence pour les sols calcaires). Parmi ses noms vulgaires on rencontre également quénot, canot, canonier, amarel, faux merisier, et prunier odorant.

Le nom de « Bois de Sainte Lucie » trouve son origine d'un couvent de Minimes, Sainte-Lucie-du-Mont, situé sur les hauteurs de Sampigny-en-Meuse où s'est développé au XVIIe siècle, un artisanat d'objets religieux fabriqués dans le bois de cette essence que l'on trouve abondamment aux alentours du couvent.

Il est proche du cerisier par son bois, mais ses fruits, noirs à maturité, sont beaucoup plus petits et acides que les cerises.

Les feuilles de 5 cm de long sont ovales et finement dentées, de minuscules glandes sont présentes entre les dents sur le bord du limbe. À la base du limbe, deux ou trois nectaires (glandes mellifères) sécrètent un liquide sucré qui attire les fourmis, lesquelles remercient le cerisier en le protégeant des insectes susceptibles de ronger les feuilles (caractéristique des espèces du genre Prunus). Le parfum qui se dégage du bois, de l'écorce et des feuilles provient de la coumarine que contiennent aussi certaines graminées et qui contribue à donner au foin fraîchement fauché son odeur caractéristique.

Cet arbuste est un excellent site d'accueil pour de nombreux lépidoptères tels que les thecla. Il est l'hôte principal de la chenille du Thécla du bouleau (Thecla betulae) et un des hôtes d'autres chenilles de Rhopalocères comme notre Flambé (Iphiclides podalirius) ; le Gazé (Aporia crataegi) ; et le Thécla de l'amarel (Satyrium acaciae).

Ceci dit, reste à repérer les œufs !

IL n’y a pas trente six solutions : ou bien se transformant en détective, on repère une femelle, et organise une filature : la femelle vole de feuille en feuille ; se pose dessus une seconde, recourbant son abdomen pour coller dessous un petit œuf sphérique. Puis elle recommence un peu plus loin, répartissant comme d’habitude les futures chenilles pour qu’elles soient bien entourées de nourriture. Alors on suit la femelle, sans se faire remarquer, et on récolte un à un les œufs qu’elle a pondu devant nous.

Ou bien il n’y a pas de femelle visible ce qui est le cas le plus fréquent. Il faut se mettre à leur place, et imaginer où l’on pondrait si on devait transmettre l’espèce. On vante souvent les acteurs qui se livrent à des rôles de composition : c’est autrement plus difficile de penser flambé, quand on est un homo sapiens mâle de surcroît ! Mais on y arrive, en se dédoublant totalement, l’essentiel étant d’être obstiné, et de ne pas hésiter à visiter les feuilles une par une, en les retournant bien évidemment puisque les œufs sont dessous !

Et on peut commencer un élevage : la chenille sort toute noire hérissée de piques. A la première mue elle devient toute verte, avec une nervure centrale et les nervures adjacentes qui la font ressembler parfaitement à une feuille verte. Sur laquelle elle se tient en position de sphinx, attachée par les dernières pattes à un petit nœud de ficelle pour bien s’assurer. Elle grossit en conservant le même camouflage, et ne ressemble pas du tout à la chenille de Machaon, mais c’est comme si c’était une chenille verte de Lycène, en bien plus gros naturellement. Tout cela jusqu’à changer de couleur comme une feuille à l’automne, s’entourer du fameux fil des Papilio, et se transformer en belle chrysalide.

Comme toujours, le miracle est d’assister à l’éclosion, précédée de l’apparition des ailes miniatures à travers la paroi de la chrysalide devenue translucide ; l’imago sort les cheveux en l’air comme s’il sortait d’une piscine, les ailes pendantes et toutes recroquevillées. Il s’accroche par les pattes à un support, et déploie les belles ailes. Les queues pendent, durcissent, et le cerf-volant se monte tout seul, prêt à des vols interminables.


Podalirius a un cousin méditerranéen. Sa couleur jaune est remplacée par une teinte jaune pâle presque blanc, et seules restent jaunes les liserés périphériques. C’est la variété feisthameli, courante dans les Pyrénées Orientales et en Espagne. Son nom est celui de Joachim François Philiberto de Feisthamel, entomologiste français, qui le décrit en 1850 dans son traité : « Description de quelques lépidoptères Rhopalocères nouveaux ou peu connus ».

Il m’est arrivé depuis Arles de partir un dimanche matin direction le Canigou, de traverser le petit village de Chirac, pour visiter les terrasses qui dominent la mer. Quel voyage énorme : c’est loin ! Des paysages magnifiques, une végétation exubérante. Et des papillons nombreux. Là-bas, quand on voit un flambé, c’est feisthameli !

J’ai pu en ramener quelques uns, de manière à pouvoir comparer le type et sa variation.

Ah, je vous dois une dernière explication : celle du hill-topping : celle de mon enfance, quand j’observais les mâles inaccessibles, perchés sur les plus hautes branches des tilleuls : j’ai compris depuis : ils pratiquent le « hill-topping » !


Je ne vous traduis pas hein ? Hill-topping is a mate-location behaviour seen in many insects including butterflies, dragonflies, wasps, beetles and flies.

Males of many butterfly species may be found flying up to and staying on a hilltop - for days on end if necessary. Females, desirous of mating, fly up the hill. Males dash around the top, competing for the best part of the area - usually the very top ; as the male with the best territory at the top of the hill would have the best chance of mating with the occasional female, who knows the "top male" must be strong and thus genetically fit. Many authors consider this as a form of lekking behaviour.

Many butterfly species including swallowtails, nymphalids, metal-marks and lycaenids are known to hill-top.


Mais…c’est le perchoir à l’Assemblée Nationale !

Vous voyez bien : ce sont des papillons élitistes :
Les mâles, comme nos parlementaires, ne sont bien qu’au top,

et les femelles they would mating,

vont  y chercher le plus
 haut perché !

c’est pour ça que Zeus

est toujours favorisé !

chapeau à l'auteur de cette photo trouvée sur internet